Le « passif », une approche dogmatique et minimaliste

Cela fait plusieurs mois que je souhaite partager mon point de vue à propos du standard « passif ».

Lorsque nous nous sommes lancés dans notre projet en 2010/2011, nous avons été séduit très vite par le standard passif. Certaines conférences auxquelles nous avons assistées – sponsorisées pour la plupart par la pmp – étaient en effet très persuasives. En cours de construction, j’ai été amené à remettre en question la pertinence de notre choix.

L’effet pervers des négawatts

Le premier déclic s’est fait à la lecture d’un article de Laurent Minguet datant de septembre 2011 : L’effet pervers des négawatts. L’article explique notamment, calculs à l’appui, quel est le choix le plus rationnel d’un point de vue économique et écologique en terme d’isolation pour un bâtiment neuf. Sa conclusion : isoler « très basse énergie », oui, « passif », non ! Dans le cas d’une rénovation, l’approche rationnelle le conduit à recommander environ une consommation de 75kWh/m2/an.

Je vais moi aussi faire de petits calculs rapides :
Si je reprends les chiffres annoncés dans l’article, j’ai dépensé 50€/m2 en plus pour arriver à une habitation proche du standard passif soit un surcout total de 10.400€ (208m2). Ce surcout de 10.400€ me permettrait d’économiser 15kWh/m2/an soit 3120kWh/an.

Si je prends cet argent et qu’à la place je l’investis dans des panneaux photovoltaïques, je vais pouvoir installer +/- 4 kWc de PV. En estimant qu’en belgique on obtient 850 kWh par kWc par an, cela nous donne donc une production de 3400 kWh. Pour un même montant investi, j’ai donc tout intérêt à installer des panneaux photovoltaïques que de passer d’un standard basse-énergie à un standard passif. Zut, c’est le contraire que j’ai fait…  🤨 De plus, d’un point de vue économique, je ne prends pas en compte dans mon calcul les primes liées à l’installation de panneaux photovoltaïques qui rendent ce dernier choix encore plus rationnel.

Il n’est donc pas toujours rationnel de vouloir consommer moins; il faut trouver le juste équilibre entre réduction de sa consommation et la production d’énergie verte.

« Passif », mais encore…

Un tout autre aspect concerne le passif dans l’évaluation de la « durabilité » d’un projet. En effet, le standard passif en-soi ne s’attèle qu’à définir des seuils de consommation d’énergie; qu’elle soit grise, verte, orange ou violette. De plus, la norme ne stipule aucune exigence en terme d’énergie grise (pour la fabrication des matériaux et la construction) ni d’exigence en terme de matériaux (contrairement à l’éco-construction par exemple). J’aurais donc tendance à considérer que ce standard est assez « minimaliste » d’un point de vue « durabilité » (préservation de notre environnement).

Je vous recommande à ce sujet un article particulièrement intéressant de Chloë Raemdonck sur le site A+ (a-plus.be): Tout passif ?